Immorale

Je tourne en rond depuis des mois.  Un arrêt maladie dû à une grossesse difficile, un repos maternité qui se prolonge, je suis à la maison depuis bientôt 15 mois.

Je pète un câble.

Petit Potam fait ses premières dents.  Deux d'un coup, il ne fait pas les choses à moitié. Il mange et dort mal.  Je suis exténuée.

J'en arrive à ne plus le supporter. 

Je l'aime, mon petit bout.  Plus que tout au monde.  Mais je me sens tellement lasse, tellement vidée de mes forces.

Dans deux semaines, il découvrira les joies de la crèche et je pourrai reprendre mes activités.  J'ai tellement hâte.  J'ai l'impression d'étouffer, de suffoquer.  Je ne supporte plus ma maison, il faut que je sorte, que je voie du monde, que je vive.  Tout simplement.

Parfois, j'ai l'impression que ces idées font de moi une mauvaise mère.  Oui, peut-être.  Ou pas.  Soit ...

Je me sens heureuse dans ma vie.  J'ai (presque) tout ce qu'il me faut, je ne manque de (presque) rien.  Mais tout est dans le presque ...

Il me manque en fait ce brin de folie, ce petit piment que j'avais auparavant, qui me plaisait tant, mais que je n'ai plus.

Je me lasse (déjà) de cette vie (trop) lisse.  Un mari, un bébé, une ado en crise, une mère autoritaire, une belle-mère mielleuse, des pseudo-amis sur qui il ne faut (surtout) pas compter car ils ne sont amis que de loin, quand tout va bien. 

Je me suis remis un masque qui ne me convient plus.  Un masque que j'avais enlevé il y a quelques années et qui me permettait de vivre une vie qui me plaisait telle qu'elle était, même si tout n'était pas rose.

Aujourd'hui, tout est rose, mais d'un rose pâle, sans reflets, un rose terne.  Une vie (presque) ennuyeuse et morose, mais une vie que j'aime quand même.

On n'est jamais satisfaits de ce que l'on a ... J'ai pourtant tellement cherché ce bonheur paisible ... Mais maintenant que je l'ai (enfin), il manque "le petit truc en plus".

Je serais presque tentée de dire "VDM" ...